-. Chers amis, merci d’être avec nous. Ce soir, nous vous présentons un document exceptionnel. Photo n° 7, svp. Lana Turner, vedette du Hollywood des années 50. Est-ce que ce nom dit encore quelque chose à quelqu’un ? Une actrice américaine, une blonde pulpeuse, un peu vulgaire, comme vous voyez. Son amant a été tué par sa propre fille, c’est de l’histoire vraie, pas du cinéma. Écoutons son entretien, nous sommes quelques jours après le meurtre.
-. (Lana) Lola avait pour John l’affection d’une gosse pour une sorte de beau-père, n’est-ce pas. Lola, ne grimpe pas tout le temps sur les genoux de John, je lui disais, tu vas froisser son pantalon. Le mal est partout, les chemins de la gloire sont les chemins du mal. Vous permettez que je fume ?
-. (Journaliste) Je vous en prie.
-. J’ai un immense besoin d’accomplir un geste qui décontracte.
-. Je comprends.
-. Enfermer toute cette boue dans un rond de fumée, pourquoi pas ? Et pour les lunettes noires, je vous prie d’accepter mes excuses.
-. Précisez !
-. Précisez quoi ?
-. Eh bien, que votre fille n’avait pas de relations sexuelles avec votre amant !
-. Je suis choquée par votre question.
-. Les rumeurs courent.
-. C’est scandaleux.
-. Donc, elle ne couchait pas avec lui, c’est ce que vous affirmez ?
-. Aux purs tout est pur. J’ai horreur du mot « coucher ». Le mot « coucher » décrit très mal ce que je ressens, et Lolita… je veux dire Lola …
-. Une question encore, si vous le voulez bien ?
-. Allons-y.
-. Lola est-t-elle toujours vierge ?
-. Je ne sais pas. Oui.
-. Vous ne savez pas ? Vous en doutez ?
-. Tout vous, ça, la presse : une incroyable désinvolture pour ce que nous sommes !
-. Ceux qui nous regardent veulent savoir, répondez !
-. Je ne sais pas ! Je ne sais pas ! Je suis bouleversée par vos questions, si étrangères au cœur d’une mère, faut-il le dire.
-. Au procès, les avocats de la victime ne manqueront pas de les poser.
-. Je ne sais plus ce que je dois dire. Je suis découragée, je ne savais pas que j’aurais à répondre à des questions pareilles. Regardez mes yeux, fixez-moi, filmez, photographiez, pleurons ensemble, ma vie est une comédie, la vie de ma fille une tragédie. Pleurons, elle est vierge, elle est pure, elle n’a jamais regardé un sexe même le sien, le bras de l’innocence l’a protégée. Elle aimait sa maman, plus que tout, plus qu’elle-même, ma petite, ma sacrifiée, ma petite vierge Marie.