Hier, j’étais déprimée. Et soudain une vision s’est imposée à moi. Les yeux grands ouverts, j’aperçois trois cavaliers. Vers où vont-ils, je ne sais pas. Eux ne le savent pas davantage. Ils fuient. Leur fuite les éloigne de la peur, de la médiocrité, de l’esprit de revanche. Des ailes leur poussent dans le dos. Abolissant un danger immédiat, ils abolissent aussi leurs frontières. Chacun, chacune galope pour lui-même. Chacun, chacune sait qu’il porte en lui un territoire à explorer. En explorateur plein d’appétit et d’audace, chacun, chacune se dirige vers l’inexploré en lui. C’est en soi d’abord qu’il faut chercher le lien avec les autres. J’ai aimé infiniment ces cavaliers imaginaires. Tout occupés à maitriser chevaux et courses, ils formaient un ensemble qui avançait d’une même cadence. Je les voyais très précisément, j’ai pensé : ce sont les musiciens de leur vie trouvant une singularité dans la performance commune.