-. Notre amie est morte. Et maintenant qu’une partie d’elle-même a disparu et que l’autre vit encore dans notre cœur, on peut penser qu’elle sait des choses que nous ne savons pas, mais est-ce important ? À quoi peut nous servir ici ce qu’elle a appris là-bas ? Le savoir des morts n’est compréhensible et utilisable que par les morts. Nous, on reste seuls, orphelins. Avant, on posait tout sorte de questions aux morts pour qu’ils nous tuyautent sur la vie de là-bas. Tout ça est fini. Nous n’en avons plus l’usage. Nos énigmes sont ici. Elles n’ont de clarté ni chez les morts ni sur la lune. Si tu as des questions, ne les pose pas au ciel, ni aux arbres, ni à l’herbe, ni aux fleurs : la nature s’en fout royalement, elle nous recrachera quand elle en aura marre, les animaux le savent qui attendent que nous redevenions animaux nous-mêmes, animaux sans privilège, surtout pas celui d’occuper quelque sommet de la hiérarchie que ce soit. Un jour, nous serons de la viande pour un prédateur que nous ne connaissons pas encore.
-. Ça va ? Vous m’avez l’air bien sombre, aujourd’hui ?