-. Je continue ? A ce moment du récit, un homme entre. Idéalement tout décor devrait avoir disparu, car la mort n'a pas de lieu. Le vieux cadavre a du sang sur le visage, et dans l'oreille le souvenir probablement de deux balles qui claquent dans le frais matin. L’homme qui entre, c’est le cadavre. C’est le mort, vivant. C’est le mort quand il était jeune, qu’il avait la vie devant lui, c’est le mort et son compte en banque d’espérance, quand ce compte n’était pas encore à découvert. Une sorte de flash back, direz-vous ? Pas du tout. C’est la coexistence du mort et du vivant. Le vivant qui se voit mort et le mort qui s’aperçoit vivant. Imaginez-vous vivant, là, maintenant, à la place où vous êtes. Ensuite, imaginez-vous mort par balle, imaginez votre propre assassinat. Et demandez-vous ce qu’une partie de vous même dirait à l’autre ? Ce que le mort dirait au vivant et ce que le vivant dirait au mort. Quel serait exactement le point central de votre dialogue ?