Réplique 0820 Par Marie Lecomte et Lucien Piron Mon fiston ! Mon tout ! J'ai bien l'impression que nous devenons deux autres n'est-ce pas ? La distance de ma main à ton bras n’a jamais été aussi grande. Et le brouillard où nous noyons nos silhouettes devient si épais qu’on s’entre-aperçoit à peine. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, nous étions une seule entité, toi et moi, un seul bloc, un seul corps. Aujourd'hui, la mère approche son fils comme le dompteur le fait du fauve dans la cage, avec prudence et circonspection, conscient que la moindre maladresse peut énerver l'animal, soucieux de le regarder bien en face, sachant pourtant qu'il lui faudra un jour où l'autre affronter le coup de patte ! Je ne veux pas vivre ça. Je ne veux pas que tu me tournes le dos. Je ne veux pas que tu grandisses. Jean-Marie Piemme