On sera battu, on sera battu, on ne peut qu’être battu, c’est dans le droit fil d’une logique implacable. On sera battu parce qu’on ne sait plus se battre, parce qu’on récuse l’idée de l’affrontement, qu’on n’a plus de désir de vaincre, parce qu’on s’est mentalement désarmé. Nous n’avons plus l’impulsion du chasseur pour la traque, ni la ruse de l’animal chassé. Nous sommes des humanistes mous, des mollassons émus par la mouche qu’on écrase, des bonasses aveugles qui ont tout oublié de la férocité du monde. Une égratignure nous affole, une goutte de sang nous paralyse, le marché de Noël nous réjouit, et quand l’année n’a pas été bonne, nous croyons bêtement que celle qui vient sera meilleure.