Passe encore que parfois, quand on me pose une question, je reste bouche bée, sans rien dire, et que mon interlocuteur s’imagine avoir face à lui un type un peu ralenti ou, au pire, un demeuré qui finira bientôt au cabanon. Et ne me demandez pas pourquoi je me comporte comme ça, je n’en sais rien. À peine la question posée, je sens les muscles de ma bouche se raidir, et même si mentalement je suis tout à fait capable de donner une réponse adéquate et intelligente, je suis néanmoins précipité dans l’enfer d’un silence inapproprié, qui stupéfie ou qui irrite. Mais le pire à mes yeux est que très souvent, à d’autres moment, je m’entends dire exactement ce que je voudrais ne pas dire. En cherchant sur internet, j’ai acquis la certitude que je suis atteint d’un syndrome de Stockholm permanent : je considère chaque interlocuteur comme mon preneur d’otage. S’il dit oui, je dis oui et s’il dit non, je dis non, quasi malgré moi. Alors, que faire ? Consulte un psy, m’a-t-on dit, ce que j’ai fait. Mais chaque fois que je lui demande si je suis atteint d’un syndrome de Stockholm permanent, mon Sigmund me renvoie une petite toux et un « et vous, qu’en pensez-vous » ? Moi je pense que oui, sinon je ne serais pas là, mais quand je sors de là, je doute.